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La mémémoire
23 janvier 2018

Les tabous européens

Alors que l'économiste Philippe Martin, proche d'Emmanuel Macron, vient d'être nommé à la tête du Conseil d'Analyse économique, un vent de nominations économiques souffle sur la macronie, et ce, le jour même où Philippe Martin cosignait une proposition de réformes ayant pour objectif de réformer la zone euro. Comment peuvent être interprété ces nominations, notamment dans un moment d'incertitude sur la suite à donner au discours de la Sorbonne sur le projet européen du président français ? Le rapport sur les réformes de la zone euro était dans les tuyaux depuis plusieurs mois, c’est une coïncidence qu’il soit publié le jour de la nomination de Philippe Martin au CAE. Mais ce qui rend toutes ces annonces plus intéressantes encore, c’est l’interaction entre les agendas politiques nationaux et européens , y compris les nominations du gouvernement Macron, les négociations en cours pour former un gouvernement de coalition en Allemagne, et le jeu de chaises musicales lié aux postes à pourvoir au sein de plusieurs institutions européennes dont la Banque Centrale Européenne dans les mois à venir. Dans ce contexte, le gouvernement français donne effectivement l’impression de vouloir mettre un maximum de pression sur l’Allemagne à plusieurs niveaux, au moment où le curseur bouge outre-Rhin. Une fenêtre d’opportunité pourrait s’ouvrir pour aborder tous les sujets de l’intégration européenne sans tabou. Le président français l’a compris depuis longtemps, et il semble naturel de pousser ses idées, et pour cela des hommes et des femmes de confiance aux postes-clés qui influenceront les décisions de demain. Côté institutions, sans rien enlever au mérite de Sylvie Goulard qui a été nommée seconde sous-gouverneure de la Banque de France, d’aucuns y verront le parachutage d’une ancienne ministre à un poste qui pourrait à terme lui offrir un tremplin vers un poste plus important au directoire de la BCE ou à la Commission européenne, d’autant qu’il semble acquis que la vice-présidence de la BCE ira à un espagnol et que l’Allemagne revendiquera la présidence après le départ de Mario Draghi en octobre 2019. Les propositions du rapport sont certes très techniques, et ce document de 24 pages seulement est particulièrement dense. Il en existe une version résumée beaucoup plus accessible ici. Mais de mon point de vue, son principal objectif est d’ordre politique. Il s’agissait de mettre autour de la table des économistes français et allemands d’horizons divers, avec des points de vue souvent différents, parfois complétement opposés sur ces questions essentielles, et de parvenir à un compromis acceptable pour les deux parties. De ce point de vue, c’est un succès incontestable, même si je suis d’accord avec Martin Sandbu du Financial Times pour dire que le rapport sera plus difficile à « vendre » à Paris qu’à Berlin.

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