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La mémémoire
12 décembre 2017

Sur le glacier

Le Titlis, avec sa vue dégagée, est devenu un must pour la plupart des tour-opérateurs asiatiques en Suisse. L’amour des Indiens pour Engelberg est né… dans les salles obscures de Bombay. Les réalisateurs de Bollywood, qui ne dédaignent jamais un cliché, ont trouvé en la Suisse une partenaire à leur mesure, avec ses lacs, ses églises à clochetons, ses glaciers et ses vertes prairies servis sur un plateau doré. Un blockbuster, largement tourné en terre helvète, a scellé les noces en 1995 : Dilwale Dulhania Le Jayenge (« l’amant emmènera la mariée »), réalisé par un maître du genre, Aditya Chopra. Près de 400 000 Indiens viennent désormais chaque année en Suisse, et Engelberg a su habilement surfer sur cette vague. L’un des grands hôtels Belle Epoque, le Terrace, s’est fait une spécialité d’accueillir cette clientèle providentielle de substitution, qui vient surtout l’été. Dans les cabines du Titlis, ces touristes exotiques côtoient une autre clientèle, qui est à peu près son exact opposé : les freeriders. La station est en effet devenue l’une des Mecques du ski hors piste, à l’instar de Verbier, Sankt Anton, Andermatt… Comme dans ces spots de renom, les Anglais, les Américains, mais surtout les Scandinaves ont fait ici leur nid et gèrent quelques hôtels. « C’est la destination freeride la plus proche de Stockholm, parce que c’est la mieux desservie, explique le Suédois Johan Andersson, de l’agence Alpine Legends. Il y a des avions directs tous les jours vers Zurich. On peut même, si on veut, venir skier à la journée, en arrivant le matin et en repartant le soir… » La greffe scandinave a bien pris. « Quand vous avez des Russes ou des Anglais, c’est parfois compliqué. Les Suédois sont toujours cool, même quand ils ont trop bu », s’amuse Sina Filliger, qui gère l’Hôtel Bellevue Terminus. Du haut du domaine skiable, c’est tout un monde de poudre blanche qui s’offre à ces drogués du ski, capables de faire des milliers de kilomètres pour scarifier la neige au gré de leurs chorégraphies chaloupées. Engelberg doit sa renommée internationale, au sein de cette tribu, à ses « big five », cinq itinéraires aux noms imprononçables pour les béotiens : Laub, Sulz, Steinberg, Wendelücke et Galtiberg. « Mise à part La Grave, dans les Hautes-Alpes, en France, je ne connais pas vraiment d’équivalent dans les Alpes, avec des hors-pistes de cette qualité directement accessibles depuis le haut des remontées mécaniques », s’enthousiasme le freerider professionnel français Patrick Vuagnat, qui s’est installé à Engelberg. Les big five, que l’on s’échange entre initiés comme de précieux secrets, permettent aux experts de dévaler jusqu’à 2 000 mètres de dénivelé dans une montagne restée sauvage. Mieux vaut partir, dans cette aventure-là, bien accompagné. Les moins téméraires pourront attendre au sauna, que l’on fréquente ici, autre spécificité du cru, nu comme un ver.

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